Cette photo, ici présentée dans sa version large, est visible dans mon livre "Terres & Ciels : Airplanes, Cities, Landscapes" en pages 134-135. Elle date de 2004.
Je l'ai réalisée un matin d'automne, un dimanche de novembre. Le souvenir de cette journée est encore assez présent dans mon esprit. Pour ce genre de photo, ça commence la veille, voire plus tôt, ne serait-ce que pour avoir une idée de la météo. A l'époque, j'habitais Toulouse, et la destination était le Comminges, au pied des Pyrénées au sud de Saint-Gaudens. Il fallait compter environ une heure de route pour retrouver les coins que j'avais repérés. Et donc si je devais me lever un dimanche matin avant l'aube, pour justement saisir cette dernière, valait mieux être sûr de la météo.
Tout est ok, et donc voilà un réveil qui sonne vers 5h du mat', un brin de toilette et en route par l'autoroute A64 vers les Pyrénées. Le ciel est sombre, mais on devine déjà la lueur du jour naissant par-delà les sommets noirs. Arrivé vers Saint-Martory, un banc de brouillard commence par entamer mes ambitions. C'était le risque à cette période de l'année, et avec un ciel clair. Si la séance photo devait tomber à l'eau pour un brouillard qui de toute façon se lèverait en cours de matinée, c'était rageant.
Heureusement, quelques kilomètres plus loin, en prenant un peu d'altitude, le brouillard disparait. Et l'aube s'annonce au rendez-vous. J'arrive alors sur place, à un premier endroit repéré quelques temps plus tôt. Le calme de la campagne endormie m'accueille dès le contact de la voiture coupé. Il me faut installer mon équipement, trépied, boitiers, objectifs, télécommande. Il ne fait pas particulièrement chaud. Le givre étincelant semble recouvrir certains bouts de prés. C'est alors que, dans un de ces prés, trois taches se distinguent. Des biches. Juste le temps de faire un cliché pour le souvenir. Un moment fugace qui justifiait déjà presque à lui seul de s'être levé si tôt.
Le soleil est presque là. Dans les fonds des vallons, de petits bancs de brume se dandinent. Les premiers rayons les illuminent et le spectacle commence. C'est une moment intense de photo, puisqu'en traitant ces paysages en panoramique, il ne faut pas lambiner, ni s’emmêler les pinceaux dans les réglages. Il faut bien exposer pour ne pas bruler le ciel tout en gardant des détails dans les feuillages, les parties à l'ombre dans les creux.
Les premiers panos sont dans la boite. Je change de coin et un châtaigner m'offre un point intéressant avec le soleil filtrant entre ses branches. Je règle mon cadrage, et pousse à droite pour englober le Pic de Cagire dans la photo. Les couleurs d'automne sont parfaites et se marient à merveille avec ce frais bleu ciel.
La suite de la matinée, baignée dans un soleil plus franc, sera productive, avec de magnifiques endroits traversés dans une campagne de prés et de forets tranquilles... Assurément, ce genre d'expérience est une des motivations du photographe à renoncer à une grasse-matinée! Cette photo en Comminges fait désormais partie de mes préférées, et bien sûr de la collection "Terres & Ciels", c'est à dire qu'elle est disponible en tirage d'art, notamment en tirage photo grand format.